Les échos de la saison 2021/2022
Les Échos du Concert du samedi 21 mai 2022
Ensemble Orchestral Epinal La Belle Image
Les Concerts Classiques étaient associés pour cet événement avec la Ville d'Epinal, la Communauté d'Agglomération, le Festival des Imaginales, le Floréal Musical et le Concours International de Piano d'Épinal.
A événement exceptionnel, programme exceptionnel ! Dans le cadre de la 21e édition du festival des mondes imaginaires, l'Ensemble Orchestral s'est attaqué à deux monuments du répertoire.
L'Ensemble Orchestral "Épinal la belle image" est composé de musiciens enseignant au Conservatoire Gautier-d'Épinal et dans la région.
Deux invités talentueux ont participé à ce concert : la jeune Sora Elisabeth Lee a déjà dirigé nombre d'orchestres prestigieux, le pianiste Pjotr Naryshkin a remporté des prix internationaux, tels Salzburg et Épinal en 2019.
Selon l'expression du chef d'orchestre américain Leonard Bernstein, il n'a fallu à Beethoven que « trois sols et un mi bémol » pour générer une symphonie entière : ce seront les fameux « coups du destin » de la célébrissime Cinquième Symphonie.
Quant au Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov, avec ses grandes envolées lyriques, il s'agit à n'en pas douter de l'une des plus belles oeuvres concertantes jamais écrites pour le piano.
Inspiré par ces deux chefs-d'oeuvre, un invité surprise des Imaginales, Xavier Gury, s'est prêté avec talent à une performance graphique originale, en réalisant « sur le vif » des illustrations qui ont été projetées en direct au cours de la soirée.
Les Échos du Concert du dimanche 3 avril 2022
Thibaut Garcia et l'Orchestre National de Metz
Un moment unique
L'Orchestre National de Metz a donné toute sa mesure lors de ce concert exceptionnel qui revisitait des chefs d'oeuvre du répertoire latin, espagnol et argentin. Dans la pénombre de la salle majestueuse de la Rotonde, où seules les peintures murales légèrement éclairées ressortaient de l'obscurité, l'orchestre apparaît soudain sous une lumière éclatante, comme au coeur d'un après-midi de corrida, conduite par la baguette souple et précise de Teresa Riveiro Böhm. Comment ne pas se laisser porter par la prière tout en intériorité du matador, alternant avec les effets contrastés du combat tauromachique. Destin ô combien pathétique rendu encore plus intense par un orchestre très inspiré ! La « Oración del torero » a immédiatement gagné les coeurs d'un public subjugué.
Quand l'orchestre accueille le jeune guitariste virtuose Thibaut Garcia, le public retient son souffle. Le « Concerto d'Aranjuez « de Joaquín Rodrigo est soudain comme réinventé par le guitariste qui tient le public sous le charme. Soutenu par l'orchestre en harmonie, Thibaut Garcia égrène les notes comme des perles éclatantes, distillant avec naturel et profondeur mille nuances riches, exhalées d'un jardin ibérique. Inspiré par un compositeur avide de sensations, il capture avec lui « les fragrances des magnolias, le chant des oiseaux et le ruissellement des fontaines ». Les bravos fusant de la salle ponctuent l'exceptionnelle prestation de l'artiste.
Puis, Alberto Ginastera nous transporte en Argentine, inspiré par la culture authentique, avec des gammes traditionnelles, des sonorités et des mouvements puisés dans la danse gaucho, le malambo. Avec « Variaciones Concertantes », il adhère aussi aux éléments stylistiques les plus modernes. Son oeuvre, composée d'un thème et de onze variations, permet à la cheffe d'orchestre de l'accompagner dans la mise en lumière des solistes de tous les pupitres. Foin des matériaux folkloriques, en utilisant des mélodies et des rythmes originaux qui ont un accent latino-américain, son oeuvre baigne les auditeurs dans une atmosphère subtilement argentine.
Entamée en sourdine par l'orchestre, la « Musica para un jardin » de Joaquín Rodrigo livre comme un murmure engourdi, en prélude à la vie qui va renaître. Et les saisons défilent ; vient le temps des couleurs et des apaisements, transformant l'atmosphère du jardin, au rythme de la baguette si expressive de Teresa Riveiro Bóhm. Par son jeu tout en finesse, les notes semblent soudain figées dans l'air en silences, comme des bulles émanant d'un jeu d'enfant. Et la nature se réveille, au rythme des élans sonores et harmoniques de l'orchestre pour l'été. Le postlude offre une ultime berceuse, point d'orgue aux métamorphoses de ce jardin au charme indéfinissable.
A l'unisson, les musiciens manifestent leur bonheur d'avoir interprété de si belles oeuvres ; et le public, tout à leur découverte, partage dans l'enthousiasme ce moment unique.
Les Échos du Concert du dimanche 27 mars 2022
Le Sextuor des Solistes de l'Opéra de Zürich
Un parfum subtil et rare
Accueillir des artistes internationaux de haut niveau est toujours un plaisir particulier. Mais ce rendez-vous avec les fameux Solistes de l'Opéra de Zürich avait un parfum subtil et rare. Réunir sur une même scène tant de talents originaires de toute l'Europe était en soi une gageure, mais leur interprétation profonde et généreuse d'oeuvres majeures de compositeurs parmi les plus grands fut exceptionnelle.
Le sextuor à cordes n°2 en Sol Majeur de Brahms a fasciné le public par le charme pénétrant et la féérie des effets sonores. Celui en ré mineur de Borodine, typique de la musique russe symphonique et lyrique, a magnifié le métissage entre les formes romantiques européennes et les sources populaires slaves. Le Souvenir de Florence de Tchaïkovski a célébré le mariage inattendu entre les brumes et les neiges russes et la douce lumière de la ville toscane.
Il n'en fallait pas plus pour séduire un parterre enrichi par la présence de réfugiés ukrainiens et leurs familles d'accueil de l'association Liouba Lorr'Ukraine, ovationnés à leur entrée dans l'Auditorium, en présence du célèbre Sextuor de l'Opéra de Zürich. Côte à côte, les artistes ukrainien et russe tout un symbole, polonais, bulgare, autrichien et suisse ont délivré ensemble une partition parfaite et un message de paix et de fraternité si précieux en ces temps troublés.
Bartolomey Niziol, Violon
Volodymyr Pohoretskyi, Violon
Sebastian Eyb, Alto
Rumjana Naydenova, Alto
Lev Sivkov, Violoncelle
Xavier Pignat, Violoncelle
Les Échos du Concert du dimanche 20 février 2022
Quatuor Avena
Un tour du monde envoûtant
Né de la rencontre à la Haute Ecole des Arts du Rhin de quatre jeunes saxophonistes venus d'horizons différents, le Quatuor Avena nourrit son rapport à la musique de cette richesse puisée dans la diversité des langues et des cultures, des lieux insolites d'où surgit l'inspiration. On a dès l'abord envie de les suivre chez eux, en France, en Italie, en Afrique du Sud et au Japon, mais aussi bien plus loin, pour un tour du monde musical en 80 minutes.
Au-delà des affinités électives qui les ont réunis, ils cultivent le mélange des genres et des arts par la métamorphose de leurs instruments, s'inspirant des espaces traversés, tout en créant un melting-pot étonnant, par une mise en espace d'une grande originalité. D'où le choix, pour commencer, de ce concerto italien de Bach qui s'appuie sur les rôles contrastés de différents groupes d'instruments dans un ensemble. Et pour finir, ce triptyque musette éclectique, d'après Galliano, qui multiplie les univers musicaux en un tableau sonore envoûtant.
Entre les deux, la déambulation parcourt les antiennes qui plongent au coeur des civilisations exhumées : folklore des danses roumaines d'après Bartók, chanson traditionnelle japonaise décorant les cerisiers de fleurs, mystérieuse Massar de J.C. Richard, délicieuse pièce de Michio Miyagi qui enchante la naissance du Nouvel An, tango aux couleurs métissées d'après Piazzolla, mélodies traditionnelles irlandaises riches de textures et d'orchestrations pour la fête d'une maman... Le charme opère à coup sûr dans la douceur indéfinissable des senteurs.
C'est alors que les saxophones libèrent toute leur puissance pour un boogie-woogie échevelé. Au point que le public, happé par le rythme, s'écoule vers la sortie, comme enivré par la danse qui les porte jusque dans la froidure.
Les Échos du Concert du dimanche 6 février 2022
Smoking Joséphine
Un hymne à l'amour
Pour ce Concert pas comme les autres, le Quintette à cordes Smoking Joséphine avait donné rendez-vous aux amoureux à quelques jours de la Saint-Valentin.
Composé de quatre brillantes jeunes femmes : Geneviève Laurenceau et Olivia Hugues au violon, Marie Chilemme altiste et Hermine Horiot au violoncelle, accompagnées par le talentueux Ulysse Vigreux à la contrebasse, cet ensemble de virtuoses pétillants a cultivé la fantaisie, la fraîcheur et la grâce. En s'emparant du meilleur répertoire classique, ils l'ont interprété avec élégance et passion, non sans l'agrémenter d'arrangements subtils qui ont séduit le public.
Ils ont su distiller le charme de grands airs passionnés, émouvants et puissants, autour du thème éternel de l'amour. Avec Elgar, pour un salut d'amour à son épouse et à sa fille, avec l'étrange alchimie de De Falla dans l'amour sorcier, les passions exacerbées inspirées de Roméo et Juliette chez Prokofiev, et Liszt nous entraînant dans son rêve d'amour, mariant musique et poésie. Tant d'épanchements comme autant de paradoxes, où l'amour joue avec la mort dans la danse macabre de Saint-Saëns, où chagrins d'amour alternent avec plaisirs d'amour chez Kreisler, où musique et danse emportent toute une génération dans West Side Story, et où les accents tristes de Piazzolla battent au rythme des émotions des coeurs brisés...
Un véritable hymne à l'amour qui a délivré sa puissance de séduction, au point que le public n'a pas caché sa forte émotion à la sortie de l'Auditorium, des rêves plein les yeux.
Amour toujours.
Les Échos du Concert du dimanche 16 janvier 2022
Le Concert du Nouvel An avec la Philharmonie de Baden-Baden et la pianiste Danielle Laval
Une forme de renaissance
Le Concert du Nouvel An de cette saison nouvelle, après deux ans de disette, a résonné comme une promesse en ce début d'année 2022, comme une forme de renaissance.
Tout le monde s'était mis au diapason, à commencer par le public venu en grand nombre, dans une Rotonde qui avait revêtu ses habits de lumière pour saluer cet événement. La magnifique salle de théâtre n'avait rien à envier à la scène du Châtelet qui a inspiré ses créateurs. Quant à la Philharmonie de Baden-Baden, fidèle à sa réputation historique, elle a livré un programme digne du Musikverein de Vienne, sous la baguette d'un Volker Christ impeccable et les commentaires élégants de son directeur Arndt Joosten toujours inspiré. Il n'est pas jusqu'à la soliste invitée, la pianiste renommée Danielle Laval, qui n'ait interprété avec talent et sensibilité des oeuvres magistrales du répertoire classique : de Mozart « Finale du concerto pour piano et orchestre » et de Chopin « Tarentelle », « La Valse du petit chien ».
Le Temps de la Valse était revenu, non sans quelques escapades dans l'univers de l'opérette « Un Carnaval à Rome », du galop « Prestissimo », de la polka « La Libellule », pour emporter les mélomanes séduits sous le charme d'un philtre de plus en plus envoûtant.
La famille Strauss, Johann père, Johann fils, Josef, Piotr Illitch Tchaïkovski, Emil Waldteufel, Alexandre Glazounov en ont offert un florilège aux multiples facettes : « La Valse des Fleurs », « la Valse des patineurs », « Le Beau Danube Bleu », aux rythmes contrastés et aux atmosphères changeantes pour un moment suspendu.
Les tourbillons de la valse n'ont pas fini d'entourner les coeurs et les esprits que retentit l'incontournable et attendue de tous « Marche de Radetzky », reprise en cadence par le public debout.
Les Échos du Concert du vendredi 3 décembre 2021
Le Concert de la Saint-Nicolas avec l'Ensemble Orlando de Fribourg
Une soirée de partage pour la Saint-Nicolas
En coordination avec la Région Grand Est et le Canton Suisse de Fribourg, dans le cadre des festivités de la Ville d'Épinal, les Concerts Classiques ont organisé le Concert de la Saint-Nicolas à la Basilique Saint-Maurice le Vendredi 3 décembre 2021 à 20h, dans un bel esprit de partenariat et de partage.
L'ensemble Orlando de Fribourg, dirigé par Laurent Gendre, fondateur et Directeur artistique, plébiscité par les festivals internationaux, a exhumé des oeuvres historiques du répertoire vocal, tout en faisant renaître des Noëls traditionnels et découvrir des chants contemporains très originaux. Bref, un très beau programme éclectique et festif, au cours duquel les choristes ont offert un superbe aperçu de leur professionnalisme et de leur talent.
Noëls et motets de la Renaissance :
- G. P. da Palestrina : Hodie Christus natus est
- T. L. de Victoria : O magnum mysterium
- Nigra sum, sed formosa
- W. Byrd : Rorate coeli
- M. Flecha : El Jubilate
Noëls classiques du 20ème siècle :
- J. Tavener : The Lamb
- T. Kverno : Ave Maris Stella
- F. Poulenc : Quatre motets pour le temps de Noël
- J. Tavener ; Today the Virgin
Noëls traditionnels :
- In the bleak mid-winter
- Les anges dans nos campagnes
- Noël alsacien
- O nuit brillante (Noël suisse)
- Quelle est cette odeur agréable...
Les Échos du Concert du dimanche 28 novembre 2021
Les membres du jury ont tranché. En point d'orgue d'un concours de très haute volée avec quatre finalistes d'exception, ils ont attribué le premier prix à l'unanimité au Chinois Qingzhu Weng pour sa brillante interprétation du concerto en Ré majeur de Tchaïkovski. Le public ne s'y est pas trompé en lui accordant aussi ses faveurs.
Accompagnés par le grand orchestre de l'Opéra national de Lorraine dirigé par le chef Nicolas Krüger, les quatre finalistes ont enthousiasmé le public par la très grande qualité de leur prestation, qu'ils aient choisi le concerto de Brahms, celui de Sibelius ou celui de Tchaïkovski.
Une journée mémorable organisée conjointement par les Concerts Classiques d'Epinal et les Jeunesses Musicales de France de Mirecourt.
Premier prix du Concours international de Violon : Qingzhu Weng à l'unanimité
- Qingzhu WENG Chine, 21 ans
Premier Prix à l'unanimité du jury
prix de la meilleure interprétation contemporaine
prix du public, prix de l'orchestre - Gawon KIM Corée du Sud, 21 ans : Deuxième Prix
prix des élèves luthiers, prix des archetiers. - Victoria WONG Australie, 23 ans : Troisième Prix
- Yumiko YUMIBA Japon 25 ans : Quatrième Prix
Prix de la lutherie contemporaine, - Larissa CIDLINSKY Allemagne, 27 ans
prix de la meilleure interprétation de la sonate française, demi finaliste
Les Échos du Concert du 23 octobre 2021
Duo Piano-Violoncelle Guillaume Bellom et Yan Levionnois
Un accord parfait
Depuis le Concours international de piano de 2015 à Epinal, où il a brillamment remporté le premier prix, Guillaume Bellom a fait son chemin constellé de récompenses prestigieuses jusqu'à aujourd'hui, où il travaille avec Renaud Capuçon sur un programme ambitieux rempli de surprises. Tel « Un Violon à Paris », recueil de petites pièces partagées lors du dernier confinement, ou cette visite musicale de trois trésors de la musique de chambre.
De la même manière, son duo avec Yan Levionnois, à l'Auditorium de la Louvière, a tenu toutes ses promesses devant un public séduit par la variété des oeuvres interprétées et la diversité des rythmes et des thèmes abordés. Il faut bien dire que Yan Levionnois est son complément parfait au violoncelle, pour une prestation où l'éclectisme des morceaux va de pair avec la justesse de leur interprétation. Une alchimie réussie pour un moment d'exception.
Embarqués pour un « road movie » dans l'histoire de la musique de Franz Liszt à Astor Piazzolla, on découvre des oeuvres de grands compositeurs rarement interprétées qui défilent comme des petits bijoux dans un kaléidoscope. Un véritable enchantement pour un programme empreint d'une douce mélancolie.
Le public, sous le charme de la musicalité subtile d'un jeu expressif et séduisant, a ovationné les deux artistes, dont la complicité a révélé leur accord parfait.
Les Échos du Concert du 17 octobre 2021
Duo de guitares Thibaut Garcia et Antoine Morinière
Une magnifique création originale à Épinal
Thibaut Garcia et Antoine Morinière sont nés sous les meilleurs auspices. Nés pour se connaître dès l'âge de 7 ans au sein du Conservatoire. A 14 ans pour décider de travailler en duo et aussi de se partager le monde, l'un à l'est, l'autre à l'ouest. A partir de 20 ans pour remporter des prix prestigieux dans les plus belles salles du monde. A 27 ans chacun, pour offrir à Epinal une création travaillée pendant un an : la transcription des Variations Goldberg de J. S. Bach.
Plongeant au coeur de l'oeuvre de l'un des plus grands compositeurs de musique classique, ils distillent avec sensibilité et créativité la première transcription à la guitare, la leur, des Variations Goldberg. Le public en a le souffle coupé, les deux guitares se métamorphosent progressivement en un clavier de clavecin, jouant de ses cordes pincées. Les deux artistes révèlent la complexité et la richesse de l'écriture de Bach, en dévoilant avec talent l'intelligence de l'oeuvre. Une nouvelle approche d'un monument classique par une interprétation inédite.
La seconde partie contribue aussi, sous les doigts virtuoses et inspirés des deux interprètes au renouveau de la musique classique. « Prélude, Fugue et Variations » de César Franck est offert aux mélomanes comme un élégant petit bijou. Ce joli cadeau écrit pour orgue et dédié à Camille Saint-Saëns se laisse déguster sans modération. Avec Manuel de Falla, les guitares sondent l'âme espagnole et les passions gitanes, jouant des morceaux d'anthologie avec vivacité et authenticité.
« Suite pour guitare » de Rikako Watanabe, qu'elle a dédiée à Antoine Morinière, est une oeuvre musicalement et techniquement complexe, passant de la douceur et du mystère à un univers abrasif. Une façon d'explorer toutes les ressources et les sonorités de la guitare classique... et moderne pour le plus grand bonheur d'un public conquis.
Les Échos du Concert d'ouverture de la nouvelle saison le 26 septembre 2021
Orchestra di Padova e del Veneto
Un concert exceptionnel
Marco Angius et son Ochestra di Padova e del Veneto avaient déjà bénéficié d'un beau succès amplement mérité quelques jours auparavant au Festival de Besançon, mais de l'avis des mélomanes qui ont eu le privilège d'assister aux deux représentations, celle de la Rotonde a brillé de mille feux. Pas seulement ceux des artistes et des instruments sous les projecteurs magnifiant de la salle de théâtre historique de Thaon-les-Vosges, mais également aux dires des musiciens eux-mêmes par son esthétique hors norme et son acoustique spécifique dans un cadre unique.
L'exécution du programme ambitieux n'en fut pas moins valorisée par des interprètes expérimentés et talentueux, mobilisés avec maestria par le maestro Marco Angius, qui s'est donné corps et âme à des oeuvres signées de compositeurs parmi les plus grands : Beethoven et Wagner. Le charme de la musique de ce dernier, dont l'épouse Cosima, à qui était dédiée l'aubade « Siegfried Idyll », a révélé avoir éprouvé « un plaisir divin » à l'écouter, a été largement partagé par les mélomanes vosgiens. La version orchestrale de Wagner a touché les coeurs du public, séduit par la célébration d'un bonheur familial simple autour du plus jeune fils, Siegfried. Une idylle pleine de délicatesse et de tendresse en contraste avec l'ampleur du finale de l'oeuvre.
L'interprétation de « l'Ouverture des créatures de Prométhée » a donné du souffle au ballet de Beethoven. L'Orchestre en a rendu parfaitement les nuances époustouflantes, entre les pianissimi de toute beauté, les répons entre les flûtes et les violons et la puissance tonique nourrissant le thème majestueux du propos héroïque. Tous les pupitres sollicités tour à tour amplifient l'effet saisissant de l'orchestration. A travers le mythe de Prométhée, emporté par son élan dramatique, le compositeur finit par s'identifier lui-même au titan, insufflant l'énergie aux hommes en dépit du supplice auquel il est soumis.
Le public, conquis par la qualité du concert, n'avait pas tout entendu. La 7e Symphonie de Beethoven, l'une des plus célèbres du compositeur, touche au grandiose, oeuvre d'art totale selon Wagner : « La symphonie est l'apothéose de la danse, la danse dans son essence suprême, presque idéalement concentrée dans le son. » L'énergie conquérante qui parcourt l'oeuvre n'a d'égal que le prodigieux bouillonnement du rythme qui confère au choc musical dans le deuxième mouvement. Beethoven en exploite toutes les ressources avec une inventivité extraordinaire. Berlioz d'ailleurs y voyait « un chef d'oeuvre d'habileté technique, de goût, de fantaisie, de savoir et d'inspiration. »
Marco Angius et l'Orchestra di Padova e del Veneto, en virtuoses inspirés, nous ont offert une interprétation magistrale de la 7e Symphonie qui a subjugué le public, dont les applaudissements ininterrompus au terme d'un formidable épilogue ont ponctué les bravos scandés dans toutes les travées.