Concerts Classiques Épinal

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Les échos de la saison 2019/2020

Les Échos du Concert du 9 février 2020

Sous le charme

© Concerts Classiques d'Épinal
Marina Pizzi et Philippe de Ezcurra

Rendez-vous festif ce dimanche à la Louvière avec un concert apéritif très original et convivial, de musique classique et populaire qui a véritablement enchanté le public.
Un duo remarquable, Marina Pizzi au piano et Philippe de Ezcurra à l'accordéon et au bandonéon, a interprété avec talent et finesse des oeuvres célèbres du répertoire, comme "Une nuit sur le Mont Chauve", "La Danse Macabre, "Un Américain à Paris", ou encore la musique sud-américaine avec les disciples du maître du tango Astor Piazzolla.
Belle invitation à revisiter avec passion et profondeur les musiques du monde. Tout d'abord en Russie avec Moussorgski, s'inspirant du sabbat des sorcières d'une nouvelle de Gogol, et avec Saint-Saëns dirigeant « avec feu la Danse Macabre » lors d'une tournée à Saint-Pétersbourg.
Puis, l'Argentine et le charme infini du tango, qui transforme en danse les pensées tristes. Inspirés, les artistes semblent recréer les petits bijoux des alchimistes Horacio Salgan et Juan Carlos Carrasco, héritiers de l'âge d'or du tango qui fait tourner les têtes et les corps. L'émotion gagne les travées, quand les pianissimi les font frissonner d'émotion jusqu'aux silences habités.
Avec Darius Milhaud, nous gagnons le Brésil où Paul Claudel l'avait attiré à l'ambassade de France. L'interprétation magistrale par le duo de « Brazileira » colle à merveille à l'audace avant-gardiste de Milhaud et à son inventivité mélodique, sous l'influence de la musique brésilienne.
Ultime rencontre avec « Un Américain à Paris », recomposé avec élégance et créativité par Thibaut Trosset, qui donne l'occasion aux deux interprètes de laisser libre cours à leur inspiration et à leur connivence rythmique, pour le plus grand plaisir d'un public ravi.
Le final, sur les pas du maître du tango, a laissé tous les mélomanes sous le charme, dont le bar se fait encore l'écho.

© Concerts Classiques d'Épinal

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Les Échos du Concert du 19 janvier 2020

Un merveilleux duo

© Leila Thiriet
Eliane Reyes et Héloïse Mas

La musique réserve parfois des rencontres singulières. En recevant son prix lors du prestigieux Concours Reine Elisabeth à Bruxelles, la chanteuse lyrique Spinalienne Héloïse Mas ne se doutait pas que cela permettrait sa rencontre avec la remarquable pianiste belge Eliane Reyes pour notre plus grand plaisir. Eliane Reyes a d'abord pris le chemin de la Cité des images comme Présidente du jury du fameux Concours International de Piano d'Epinal, où elle a su imposer sa grande compétence et séduire par sa personnalité musicale. De là est né le projet encouragé par les Concerts Classiques de présenter les deux artistes dans un concert unique.
Réunies ce dimanche à l'Auditorium de la Louvière, Héloïse Mas et Eliane Reyes ont entamé un dialogue poétique et lyrique délicieux qui a enchanté le public, redécouvrant avec elles la musique française. Alternant la fraîcheur et le feu, inspirées par les vers charmeurs de Paul Eluard et la musique ensorcelante de Francis Poulenc, elles ont déroulé une suite de compositions élégiaques de Debussy, Duparc et Ravel, se jouant des subtilités mélodiques grâce au toucher délicat de l'une et à la voix vibrante de l'autre.
Après l'intermède des Jeux d'eau de Ravel, distillés avec grâce par la soliste au piano et la magnifique incarnation de Shérazade par la chanteuse transportée, le duo voix-piano a interprété avec talent les chansons tziganes du magicien de la musique, Antonin Dvořák, égrenant les mélodies merveilleuses de cette oeuvre d'une grande pureté. Puis le public a plébiscité l'interprétation magistrale des passages virtuoses et de la coda envoûtante de la Valse en fa Majeur de Chopin par Eliane Reyes. Enfin, les sept chansons populaires espagnoles de Manuel de Falla ont permis à Héloïse Mas de projeter sa voix chaude et puissante dans l'espace de l'auditorium en un final éclatant.
Le public conquis a salué avec ferveur la formidable prestation de ce merveilleux duo.

© Concerts Classiques d'Épinal

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Les Échos du Concert du Nouvel An 12 janvier 2020

Mémorable

© Concerts Classiques d'Épinal

Le Concert du Nouvel An, placé cette année sous le signe de la jeunesse, s'annonçait festif. A voir tous ces visages réjouis, petits et grands, à la fin du spectacle, nul doute n'était permis, le Junges Mozart Orchester avait séduit un public charmé par sa fraîcheur et sa tonicité. Les commentaires étaient à la mesure du plaisir partagé ; « Nous avons passé un moment extraordinaire..., un moment merveilleux..., une première expérience mémorable..., un concert magnifique... » Mélomanes confirmés ou néophytes curieux, tous étaient conquis par ce beau voyage de Vienne à Saint-Petersbourg, mêlant avec bonheur toute la palette des émotions, de la légèreté et du drame, emportant artistes et spectateurs dans les mouvements vertigineux ou nostalgiques d'un programme éclectique. Du bel art mis à la portée de tous.
Avec un chef, Oliver Hasenzahl, à la gestuelle généreuse et à l'humour conquérant et des solistes talentueux, notamment le jeune prodige russe Lev Sivkov au violoncelle qui a fait l'unanimité, les artistes ont su renouveler le genre, à partir d'un menu classique de Nouvel An, n'hésitant pas à s'en détacher avec Rossini et Saint-Saëns, à surprendre avec Glière, pour mieux ménager les rendez-vous attendus et rythmés en choeur, telle la Marche de Radetzky.
L'orchestre a également innové dans sa composition par une diversité de tableaux, dans une scénographie s'éclatant par pupitres, jusqu'à un dialogue étonnant entre violoncelle et contrebasse.
Autre originalité très prisée du public, ces préfaces délicieuses pour chacune des oeuvres interprétées, distillant anecdotes et traits d'humour subtils, discrètement pédagogiques pour aiguiser le désir d'entendre et le plaisir de déguster les oeuvres successives.
Plus qu'une invitation au voyage, ce concert se termina par une invitation à la danse, où chacun a fini par esquisser les pas virtuels d'un bal populaire improbable. L'intensité des applaudissements prolongés fut à la mesure d'un spectacle original et accompli.

© Concerts Classiques d'Épinal

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Les Échos du Concert du 15 décembre 2019

Une pluie d'éloges

L'Orchestre de Chambre de Stuttgart © Concerts Classiques d'Épinal

Pour le Concert de Noël, l'Orchestre de Chambre de Stuttgart a reçu une pluie d'éloges de la part d'un public, conscient d'avoir vécu un spectacle mémorable.
Le programme a offert un jubilé de pépites de la musique baroque, parmi les plus beaux concertos du répertoire signés Corelli, Albinoni, van Wassenaer, Marcello, Haendel..., le tout couronné par la Suite Holberg de Grieg, comme autant de cadeaux précieux déposés avec grâce au pied du sapin des Vosges.
L'Orchestre lui-même a suscité immédiatement l'adhésion et l'enthousiasme des mélomanes par une prestation d'ensemble aussi élégante que subtile, avec une singularité propre : les musiciens ont joué debout, chacun faisant corps avec son instrument, n'hésitant pas à accompagner la musique en se mettant eux-mêmes en mouvement : une danse fusionnelle qui a suscité l'émotion des spectateurs.
Outre une interprétation impeccable, totalement au service des oeuvres ainsi magnifiées, le concert a valu également par la personnalité artistique affirmée de Suzanne von Gutzeit, à la direction et violon solo, et par l'inspiration du jeune et talentueux soliste à la trompette, Simon Höfele.
Une salve d'applaudissements unanime a salué la formidable prestation de l'Orchestre de Chambre de Stuttgart, qui aura laissé à Epinal, en point d'orgue de cette année musicale, la trace harmonieuse de la musique classique dans ce qu'elle a de plus sensible et de plus magique.

© Concerts Classiques d'Épinal

Susanne von Gutzeit, direction, violon solo © Concerts Classiques d'Épinal

Simon Höfele, soliste trompette © Concerts Classiques d'Épinal

Les Échos du Concert 6 décembre 2019 à la Basilique

Le miracle de Saint-Nicolas

Choeur de la Maîtrise de Radio France © Concerts Classiques d'Épinal

La fête de Saint-Nicolas à Epinal a été une nouvelle fois la fête des enfants. Les Concerts Classiques ont présenté un superbe spectacle à la mesure de l'événement. Le choeur d'enfants de la prestigieuse Maîtrise de Radio France a investi la Basilique, au coeur du patrimoine historique d'Epinal. La répétition générale s'est déroulée en présence d'écoliers et de collégiens, puis le concert lui-même des jeunes chanteurs maîtrisiens a subjugué la foule serrée dans la grande nef par un programme de toute beauté : la quintessence du chant choral offerte par des enfants de banlieue, dirigés par le talentueux Morgan Jourdain, originaire d'Epinal, et accompagnés par la grande harpiste Iris Torossian.
Le miracle de Saint-Nicolas a bien eu lieu. Il fallait voir les yeux illuminés des élèves de la Cité des Images, éblouis par la pureté des voix et comme envoûtés par ce travail artistique exécuté en leur présence, en quête permanente de perfection. Le dialogue a bien eu lieu entre le chef de choeur et les apprentis musiciens, et les plus petits de CP n'étaient pas les derniers à exprimer leur émerveillement et leur amour de la musique.
Le concert du soir a transporté le public, au point qu'à ce récital ambitieux à l'exécution magistrale répondait un profond silence de la foule, saisie par tant de grâce. Les voûtes de la Basilique étaient comme habitées par les échos sublimés des chants spirituels nés de l'esprit de Noël, aux sources de l'inspiration d'Alastair Putt, d'Imogen et de Gustav Holst, et de Benjamin Britten. De véritables bijoux comme l'Ave Maria de Gustav Holst ou A ceremony of Carols de Britten, soulignés par les contrastes ombres et lumières et par une entrée en procession quasi mystique.
Un concert d'exception dans un lieu magique, des voix sublimes, un choeur magnifié et un chef et une harpiste inspirés, tout était réuni pour faire de cette fête de la Saint-Nicolas un événement musical de grande classe.

Solistes de la Maîtrise © Concerts Classiques d'Épinal

Iris Torossian, Morgan Jourdain et le choeur de la Maîtrise
© Concerts Classiques d'Épinal

Les Échos du Concert du 15 novembre 2019

Superbe prestation du Quatuor Voce

© Concerts Classiques d'Épinal

Le Quatuor Voce nous a offert un concert de toute beauté, aux couleurs uniques, fruit d'une rencontre improbable entre les musiques de tradition orale et des univers musicaux inexplorés. Leur itinéraire a débuté tout en contrastes par Schubert, le voyageur immobile, pour plonger dans l'inconnu, aux sources de la création musicale.
Le « 15ème quatuor à cordes en Sol Majeur », le dernier de Schubert, un des plus beaux jamais composés, n'a connu la notoriété qu'après sa mort. Son ampleur polyphonique semble offerte à un orchestre symphonique. Et pourtant, le Quatuor Voce, par le jeu subtil de chacun des interprètes, rend à merveille les vocalités mélodiques et les élans vertigineux d'un compositeur tourmenté, inspiré par la fièvre existentielle. Les incessants mouvements du mode majeur au mode mineur, des frémissants trémolos au déchaînement des passions, entre forte et pianissimo, inspirent cet ensemble gagné de mouvement en mouvement par tant d'intensité effrayante et de beauté déchirante.
Le voyage dans le temps commence par une danse archaïque d'inspiration iranienne de Kevin Seddiki. D'abord légère et primesautière, dans le pincement des cordes qui virevoltent, elle semble errer en un lamento au refrain lancinant. Puis elle se transforme en une lente montée de la méditation, par une longue mélopée qui se perd et s'accélère pour s'interrompre d'un coup. Singulier et pluriel, le Quatuor Voce enchaîne avec « Bethklang » de Vincent Ségal, aux limites du réel : comme un rituel antique soumis à un rythme névrotique, hésitant entre extase et cauchemars. Le réveil n'en sera que plus brutal et multicolore. Et soudain surgit du fond des âges la roue à eau d'Hanza El Din dans « Escalay ». Elle tourne lentement, dans le grincement des rouages au rythme du pas des boeufs et de l'eau qui coule dans le pot d'argile. Mouvement perpétuel qui s'évanouit dans la nuit des temps.
Entre étonnement et admiration, le public salue chaleureusement cette création musicale inédite et le talent individuel et collectif du Quatuor Voce qui n'en finit plus de surprendre le monde de la musique.

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© Concerts Classiques d'Épinal

© Concerts Classiques d'Épinal

Les Échos du Concert du 20 octobre 2019

Un bel après-midi romantique

© Concerts Classiques d'Épinal

Les mélomanes qui ont eu le privilège d'assister au concert du duo Violon-Piano, Violeta Smaïlovic Huart-Kanae Endo, ont été séduits par le programme et la qualité de son exécution. Il faut bien dire que les trois sonates pour violon de Brahms, habitées par un puissant souffle romantique et marquées par la nostalgie de toute une époque, sont caractéristiques de la mélancolie brahmsienne d'une troublante originalité.
La Sonate n°1 en Sol Majeur opus 78, dite « Sonate de la pluie », véritable fleuron du répertoire romantique de la musique de chambre, propose un duo plein d'émotions et de tendresse, dédié à sa muse Clara Schumann. Les deux interprètes ont su exprimer avec maîtrise et retenue toute la sensibilité et le caractère intime de ce morceau élégiaque.
Douce et subtile, la composition de la Sonate n°2 opus 100 fait vibrer la nature qui l'a vue naître sur les rives du lac de Thun. Charmé par le clapotis du violon et la légèreté du piano, le public est bercé par la « petite phrase » entendue par Swann dans « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust, qui a servi de modèle à la fameuse Sonate de Vinteuil.
L'écriture se fait plus virtuose dans la Sonate n°3 en Ré mineur opus 108, l'un des chefs d'oeuvre du compositeur. Violeta Smaïlovic Huart, par sa technique parfaite et son énergie inépuisable, et Kanae Endo, par son jeu coloré et sa forte personnalité, emportent le public dans un final épique. Le scherzo joué en bis confirme la maestria des deux artistes, acclamées par un public conquis et reconnaissant.

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Les Échos du Concert d'ouverture du 29 septembre 2019

Un moment d'éternité

© Concerts Classiques d'Épinal

Comment reconnaître un concert exceptionnel ? Par le silence intense du public, subjugué par la beauté de l'oeuvre sublimée par une interprétation magistrale ; puis le déchaînement de ses applaudissements, multipliant les rappels.
Ce dimanche à la Rotonde, même les admirateurs du génie de Mozart n'en revenaient pas. Ils savaient combien le grand maître a porté à un point de perfection absolue le concerto et la symphonie. Mais quand l'orchestre, le chef et la soliste à l'unisson y ajoutent virtuosité et maîtrise parfaite, c'est un grand frisson qui parcourt les travées, conscientes de vivre un pur moment d'éternité.
Les miracles les plus marquants naissent souvent de rencontres inattendues. Outre celle d'un génie et d'un Orchestre remarquable, imprégné de l'âme de Salzbourg où tout respire Mozart, du charisme de Lavard Skou Larsen et de la grâce infinie d'Olga Yakushina ; celle des musiciens, venus de tous les pays du monde pour partager la fascination du génie mozartien ; enfin celle des artistes porteurs d'une subtile langue universelle et du public séduit par tant de talent.
La Symphonie n°33 en Si bémol Majeur K. 319 aura été exécutée avec la sérénité qui sied à un rythme allègre et à une tonalité d'une tendresse enjouée. Le Concerto n°3 pour violon en Sol majeur K.216 a révélé toute la virtuosité et l'élégance de la soliste qui a fasciné le public. Enfin, la célèbre Symphonie n°40 en Sol mineur K.550 a permis à l'Orchestre tour entier d'exprimer avec maestria une grâce mélancolique d'une beauté rare.
Superbe final d'un concert magnifique qui restera gravé dans les mémoires des mélomanes, pourtant habitués à côtoyer l'excellence.

Olga Yakushina © Concerts Classiques d'Épinal