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UNE DÉGUSTATION D'OPÉRAS LYOPHILISÉS

Tous les goûts ne sont-ils pas dans la nature ? A chacun ses plaisirs. Celui-ci ne jurera que par un café espresso bien serré, celui-là se satisfera d'un Nescafé lyophilisé. Ainsi en va-t-il d'une soirée d'opéra. Il y a quelques jours, les abonnés du « Cercle d'art lyrique » d'ÉPINAL découvraient, en live, à l'opéra de NANCY, une « CARMEN » aux couleurs de GOYA et de VELASQUEZ. Ce dimanche, les 400 auditeurs de l'auditorium des " « CONCERTS CLASSIQUES » (ceux qui n'était pas partis en vacances ensoleillées) étaient conviés à une soirée d'opéras lyophilisés que proposait la formation lorraine SINFONIETTA BEL'ARTE, dirigée par Jean-Marie QUENON avec le concours de deux solistes de belle pointure : le flûtiste Marc GRAUWELS et le baryton Marcel VANAUD.

Le survol en hélicoptère, de quelques grandes pages du paysage lyrique méritait qu'on y prenne plaisir ou intérêt sous la conduite de plusieurs réputés astronautes du bel canto : le chevalier GLUCK, BIZET, VERDI, ROSSINI, MASCAGNI, OFFENBACH. L'orchestre de chambre composé de jeunes espoirs lorrains, s'était réservé les ouvertures, intermezzi, et musiques de scène. Tels le menuet des « CHAMPS ÉLYSÉES » de « L'ORFEO »  de GLUCK, la méditation de « THAÏS » de MASSENET ou « L'INTERMEZZO » de « CAVALERIA RUSTICANA » de MASCAGNI.

Les deux solistes, le flûtiste belge Marc GRAUWELS et le baryton international Marcel VANAUD ont particulièrement captivé l'attention d'un auditoire assez disparate, relativement peu familiarisé avec le répertoire opératique. La prestation des deux solistes n'en a été que plus sincèrement appréciée. Ce sont surtout les pages de haute virtuosité instrumentale qu'a fait découvrir la flûte d'or de Marc GRAUWELS. Telle la « Fantaisie brillante sur des thèmes de CARMEN »  (Variations de François BORNE). Telle encore «L'introduction et rondo sur un thème de DEVIENNE», telles aussi les inattendues variations sur un thème de la « CENERENTOLA » de ROSSINI, cadeau filial d'un CHOPIN déjà doué à 14 ans ! Marc GRAUWELS rassemble sur son nom de rares qualités instrumentales : pureté du son, respect des nuances, style élégant, maîtrise du souffle, vélocité digitale et présence scénique faite de bonhomie et d'une louable humilité gestuelle. L'homme est plaisant, l'artiste développe une belle aura en communication avec le public.

La partie vocale était assurée, avec beaucoup de professionnalisme, par le beau baryton Marcel VANAUD qui a agréablement surpris les connaisseurs inconditionnels des grands rôles du  répertoire classique ou romantique. Il a fait découvrir à beaucoup l' « Air de RALPH», extrait de « La jolie fille de PERTH », opéra méconnu ou boudé en raison peut être d'un librettiste peu doué, en dépit du talent d'un BIZET. En revanche, il a fort bien mis en espace le fameux air de DAPERTUTTO « Scintille, diamant» de l'acte vénitien des « CONTES D'HOFFMANN ». Il a su émouvoir bien des cœurs sensibles avec l'air du Père GERMONT de la « TRAVIATA »,  de VERDI et il a ravi les admirateurs et –trices de  l'air du FIGARO factotum de ROSSINI. Il a même su rendre consommable le rabâché air du TORÉADOR de « CARMEN »,  que nombre de barytons massacrent allègrement sur toutes les scènes  populaires.

Ou retiendra donc de ce florilège pour baryton la très belle prestance et la rigueur vocale de Marcel VANAUD: beau timbre bien placé, tessiture ample et toujours assurée, ligne mélodique contrôlée, prononciation impeccable. Un homme solide, une présence expressive qui doit faire merveille in situ.

Les bis des solistes ont confirmé la qualité de leur choix;  le baryton avec l'air de POSA du « DON CARLOS »,  de VERDI, le flûtiste avec cet extraordinaire exercice de virtuosité pour piccolo qu'est Le «Merle blanc »? Certes, un seul merle blanc ne fait peut-être pas le printemps. Mais ce sera une mésange russe, la délicate Xénia RODIONOVA qui annoncera ce printemps du piano, en interprétant, le jeudi 17 mars, le deuxième concerto de SAINT SAËNS, avec L'ORCHESTRE NATIONAL DE LORRAINE, en ouverture du 23ième C.I.P.E (Concours International de PIANO d'EPINAL) auquel on souhaite une nécessaire piqûre de rappel financier s'il ne veut pas mourir sur la touche de ce match musical !

P.J.

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