Retour à la page d'accueil

Retour à la page précédente

Les charmes de la harpe et de la musique oblique.

Très belle assistance et accueil sympathique pour le retour, en Capitale des Images, de la harpiste Marielle Nordmann and Consorts. Les Consorts étant de jeunes et talentueux instrumentistes, regroupés sous l'appellatif de "Musique Oblique". Honneur à la harpe, certes, lorsqu'elle vibre, chante ou virevolte sous les doigts de la reine Marielle dont le charme personnel s'accorde si bien avec le style d'œuvres qui, depuis des siècles vétérotestamentaires et novotestarmentaires, ont jalonné l'histoire d'un instrument royal. Instrument magique qui a su se populariser au point de faire courir les foules les plus béotiennes aux bords des ruissellements cristallins de ses cordes pincées !

L'ensemble instrumental à géométrie variable s'est parfaitement adapté au programme (légèrement modifié en l'absence d'un piano) ce qui a permis à un flûtiste et à un clarinettiste de se joindre au quatuor à cordes habituel. Au rayon classique, deux grandes pointures : Antonio Vivaldi et W-A Mozart. De l'étonnante et si variée production de Vivaldi, on a pu apprécier un concertino pour harpe et quatuor à cordes où la vivacité est de rigueur et où le baroquisme de l'époque reste une marque indélébile du style protéiforme du "Prêtre roux". Avec son quatuor à cordes en sol Majeur K.V. I6, c'est le jeune homme Mozart qui s'exprime, dans une période relaxe de sa vie, en pétrissant une fournée de six quatuors dits "milanais", en guise de dérivatif durant la gestation de son opéra "Lucio Silla". Ce quatuor fut une simple mise en espace pour les quatre servants de "Musique Oblique" qui ont su souligner le lyrisme pathétique de ces six quatuors milanais.

La reine de la soirée, quant à elle, a su, une fois encore, développer le charme de son bel instrument à travers des pages essentielles qui ont marqué les étapes de l'évolution de la technique instrumentale. Telles les "Danses, sacrée et profane" de Claude Debussy, œuvre devenue une référence incontournable pour tous les harpistes huppés. Dans des registres différents, mais où la virtuosité et l'agilité digitale de l'interprète sont remarquées, l'"Elégie et Prélude" de Xénia Erdelyi ainsi que les "Variations sur un thème de Bellini" dues à l'arrangeur génial Elias Parish-Alvar, ont comblé d'aise les auditeurs.

Charme, distinction, souplesse du geste, concentration cérébrale dans la conduite du récit, stupéfiante maîtrise des mains et des pédales : Marielle Nordmann possède magistralement la syntaxe et la grammaire de cet instrument si génétiquement féminin.

Les deux moments-clés de cette soirée, qui furent aussi les instants les plus révélateurs des jeunes talents du groupe, furent les neuf pages des "Ceremony of Carols" de Benjamin Britten, (instants magiques) et l'interprétation exemplaire et sensible de la pièce de Maurice Ravel : "Introduction et allegro pour harpe, clarinette et quatuor à cordes".

La collaboration d'un flûtiste et d'un clarinettiste avec le quatuor de base, a permis de juger de la richesse et de la justesse d'inspiration de Maurice Ravel, devenu un chercheur inventif des possibilités de la harpe chromatique.

Pour les "Concerts Classiques" spinaliens, ce fut une heureuse soirée : un hommage appuyé à notre harpiste internationale, si fidèle à Epinal, mais aussi l'occasion de révéler de jeunes talents, plein d'allant et de gentillesse.

P.J.

Cliquer ici pour acceder à un PDF imprimable

Retour à la page précédente

Retour à la page d'accueil