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LE QUATUOR DEBUSSY AU SERVICE DES RUSSES.

 

Á la faveur d'une opération de partenariat avec le Spinalien Philippe ROUSSEL,("Quarante raisons  de faire la fête") l'Association des "CONCERTS CLASSIQUES" accueillait, à l'auditorium de La LOUVIÈRE, le retour du Quatuor DEBUSSY. Ces quartettistes célèbres s'étaient produits, au Théâtre municipal d'EPINAL, le 17 Novembre 2000, dans un programme: MOZART, KURTAG, BRAHMS.
Depuis peu les trois Mousquetaires fondateurs: Christophe COLLETTE et Dorian LAMOTTE,  violons, Vincent DEPRECQ, alto, ont accueilli, au pupitre du violoncelle Fabrice BIHAN qui s'est rapidement et magistralement intégré à l'équipe.

Le 24 Octobre dernier, un autre quatuor, les "ARPEGGIONE", avaient fait découvrir le 10ième quatuor de CHOSTAKOVITCH. Par un heureux hasard, les DEBUSSY ont voulu rendre hommage aux compositeurs russes (BORODINE, TCHAÏKOVSKI) et plus particulièrement au même CHOSTAKOVITCH, avec son 11ième Quatuor en fa mineur. Bizarre partition, en apparente rupture avec les règles classiques (sept mouvements dans une seule foulée). Écriture non moins surprenante, avec des recherches de timbres instrumentaux, des transferts de registres: les violons prenant des sonorités d'alto, l'alto jouant dans l'aigu, le cello s'abîmant dans des profondeurs inquiétantes. Le tout baignant dans une atmosphère de désolation nocturne, marquée par de brusques changements de tempi.
C'est dire combien les quatre archets doivent se montrer virtuoses tout en sauvegardant un regard vers le passé, sous forme de découpages, de collages de citations péri-beethovéniennes. Les DEBUSSY sont très à l'aise avec CHOSTAKOVITCH, car, comme l'a rappelé le premier violon, c'est à la suite d'une rencontre avec la veuve du grand Russe, que l'équipe a gravé les 15 quatuors chez "ARION". Si le 8ième est considéré comme "une œuvre-pivot", une sorte de "REQUIEM" laïque, si le 10ième  dans sa brutalité et son aura dramatique peut surprendre les oreilles non averties, ce 11ième  est d'une approche plus aisée.

Changement total d'atmosphère avec le deuxième quatuor de BORODINE (très bien présenté par le second violon), lequel BORODINE fut à ses débuts un bon violoncelliste. Aussi se rappelle-t-il à nous dans le fameux "NOCTURNE", un andante dont le thème très mélodique est pain bénit pour le cello. Ici, le nouveau venu, Fabrice BIHAN a fait valoir (mais déjà dans CHOSTAKOVITCH) la beauté de son instrument, magnifique travail d'un vénérable facteur mirecurtien. De plus, ce jeune celliste montre une maîtrise parfaite du phrasé, une souplesse d'archet remarquable dans les légatos, et un son exceptionnel dans ses graves ronds et veloutés. Ce BORODINE fut un moment rare de bonheur dans la jouissance.

In fine, c'est un vrai feu d'artifices que les DEBUSSY ont tiré en empoignant le long et inventif 3ième  quatuor de P. I. TCHAÏKOVSKI, en mi bémol mineur ! Curieuse et rare tonalité qui engendre des surprises harmoniques et donne de la tablature aux quatre archets confrontés à cette écriture truffée d'altérations (six bémols à la clé, c'est déjà tout dire) Les DEBUSSY nous ont offert une version de référence, une interprétation chaleureuse, lyrique en diable, tendre aussi, tout en restant un modèle de précision, car dans BORODINE comme dans ce TCHAÏKOVSKI, les quartettistes restent fidèles à la partition, ce qui est tout à leur honneur; car si Français qu'ils soient, ils ont su saisir dans ce troisième de TCHAÏKOVSKI la texture typique de l'âme russe. Leur quatuor "pue" le slave, ce qui est magnifique et surprenant!

Pour boucler la boucle CHOSTAKOVIENNE, le quatuor a donné, en bis, une rareté: la version pour quatuor du grand air de KATERINA, la "KATERINA/!SMAÏLOVA", première version de son opéra "Lady MACBETH DE MZENSK".

Un au-revoir sans surprise. Dans la galaxie mondiale des quatuors, les DEBUSSY sont certainement une étoile de première grandeur.
Á EPINAL, ils ont particulièrement brillé.
P.J.

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